Apprendre est une activité naturelle : on apprend tous les jours, de toutes choses, à tout âge. Apprendre s’effectue en de nombreuses occasions de la vie quotidienne. Apprendre accompagne toute activité. On apprend dans des situations dites non didactiques (sur la flore et la faune lors d’une randonnée) et aussi dans des situations didactiques où l’enseignant va mettre en scène des apprentissages. Il y a parfois obligation à apprendre selon les circonstances (par exemple: passer le permis de conduire). On apprend par imitation, immersion, simulation, répétition, essais-erreurs.
De manière générale, on apprend donc en milieu naturel spontanément ou en milieu scolaire organisé. La différence se situe bien dans la dimension organisationnelle de l’apprentissage scolaire : un apprentissage volontaire, ciblé, structuré, évalué, transférable, un apprentissage aux finalités affirmées.
L’acte d’enseigner se préoccupe avant tout de faire apprendre à un public des savoirs reconnus, quelle que soit la méthode d’enseignement choisie, il y a volonté de provoquer un changement dans les représentations des personnes enseignées.
Apprendre, c’est transformer la personne humaine, avec l’intégration de savoirs ou savoir-faire nouveaux. Apprendre n’est pas un processus cumulatif et linéaire, c’est un processus dynamique: la connaissance se restructure, elle n’est pas accumulative. Apprendre, c’est tâtonner, expérimenter, déduire, échanger, évaluer. Apprendre, c’est rompre avec des certitudes, prendre des risques, c’est transformer le réel et se transformer soi-même.
Jean Piaget souligne la dynamique d’appropriation des savoirs par les individus, au moyen des procédures d’assimilation (produisant un enrichissement de ce que l’individu sait déjà, grâce aux interactions avec un environnement nouveau) et des procédures d’accommodation où la nouveauté du savoir oblige à des réélaborations internes des acquisitions).
Il se produit donc un enrichissement cognitif grâce aux expériences avec l’environnement ou une réélaboration interne des acquisitions conduisant à une structuration mentale inédite. Dans tous les cas, apprendre, c’est en définitive conceptualiser, former des concepts.
Apprendre est déstabilisant, car c’est transformer ses représentations, rompre avec des certitudes, réaménager ce que l’on jugeait savoir. C’est admettre des transformations successives, des confrontations personnelles à des poches de résistances cognitives ou à des ruptures épistémologiques. Apprendre, c’est ébranler un savoir ancien avec beaucoup de tâtonnements et d’erreurs, c’est souvent une épreuve difficilement soutenable pour l’individu, une expérience frustrante, douloureuse, voire anxiogène. Penser connaître des choses et s’entendre dire qu’on fait fausse route, que nos conceptions sont erronées ou trop partielles est difficile à accepter: c’est aussi une question narcissique d’estime de soi.
De nos jours, il est apparu une nouvelle forme de pédagogie où l’on considère maintenant l’erreur comme outil pour enseigner. On part des analyses conjointes avec les apprenants des erreurs pour faciliter le passage vers un apprendre, déterminer le chemin didactique le plus favorable. On s’intéresse aux opérations effectuées, aux stratégies mobilisées par l’apprenant pour conduire l’élève à comprendre et rectifier son erreur de raisonnement. C’est un nouveau paradigme pour l’apprentissage qui consiste à privilégier des cerveaux réflexifs à des cerveaux essentiellement bien remplis. La réflexivité est un nouvel enjeu d’un apprentissage tout au long de la vie.